Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
MaFcA
MaFcA
Publicité
Archives
Derniers commentaires
19 juin 2007

vu par un homme

nouveau_ne5

Alors tout à commencé chez nous par quelques contractions. Notre fille couchée je te voies te tordre de douleur, debout, couché, à quatre pattes. Dans toutes les positions que te permet de prendre ton état. Manifestement ça fait mal. Sur une échelle de 1 à 10, aucune idée mais seulement que cela est très douloureux.

Tu t'accroches à moi, respires plus ou moins calmement, te décroches pour mieux te raccrocher. Et puis finalement tu donnes le signal du départ. C'est cahin caha que nous allons jusqu'à la voiture. J'ai eu peur que nous n'arrivions jamais jusqu'à la voiture. Je conduis doucement pour éviter au maximum que cela rajoute à la douleur que tu ressens déjà. Je te fais suffisamment confiance pour savoir que si tu sentais l'instant proche tu me le dirais. Enfin nous arrivons à l'hôpital. Le chemin pour accéder à la maternité est long, désespérément long. Et puis tu rentres et moi je reste à la porte. Tu m'as tellement dit que c'était de fausses contractions que je ne m'en fais pas. Je me demande seulement comment nous allons gérer la nuit et le matin si ces douleurs ne passent pas. Je pense que la nuit va être longue, très longue alors tranquillement je vais à la voiture chercher mon bouquin. Je profite quelques instants de la nuit quand j'entends appeler d'abord doucement Monsieur  puis plus fort, et encore plus fort. D'un seul coup l'urgence de la situation fait un bond en avant. Je passe la porte, on m'explique qu'il faut mettre le blouse, les surchausses et puis je suis cette femme jusqu'à la salle de travail. La quand j'entre je ne me souviens que de la femme assise à coté de toi qui te met une perf dans le bras. Et puis la chaise que l'on me tend. Le sage homme entre en jeu. Il me semble jeune, mais franchement une bonne tête. La j'ai comme un trou. Je me souviens vaguement des compresses imbibées d'eau qu'il me fait passer sur ton visage Et puis l'accouchement proprement dit commence. Enfin ce que moi j'appelle l'accouchement.

La, pfff que dire ... Que comme pour la première fois mais moins, ben je me suis trouvé bien con. Je veux dire par là que l'impression de ne servir à rien est quand même bien présente. Bien sur, tu m'as écraser quelques phalanges, bien sur sur tu m'as pratiquement retourné un doigt, mais ce qui m'a marqué c'est la puissance, l'énergie que tu dégages. Déjà la première fois j'avais été impressionné mais là, rien à voir. C'est difficile à expliquer mais nous les hommes nous faisons pratiquement tous la même réflexion : vous les femmes êtes vraiment extraordinaire quand vous donnez la vie. Plein d'énergie, une rage folle dans les yeux. Et même quand tu disais je n'y arriverai pas c'est trop dur, tu avais une telle force dans le regard, une telle énergie que je ne trouvai rien à dire, même pas la peine de te dire que tu allais y arriver parce que c'était marqué dans tes yeux. Et puis il y avait ce sage homme. Un autre truc dont je me souvienne, c'est lors des contractions, tu cherchai quelque chose à prendre, à serrer. Moi gentiment te tend la main, prêt à subir ton assaut sauvage, à sentir mes os craquer les uns derrière les autres sous ta pression mais non, tu regardes ma main, lance la tienne mais la retient avant d'attraper la mienne. Et puis il arrive, tend sa main et sans vergogne aucune, sans hésiter un instant tu l'attrapes, le serres, le malmène. Bon je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai ressenti une vive jalousie à son encontre mais tout de même ça fait un peu bizarre.

Je suis donc la, assis, à genoux, debout à coté de toi a essayer de te soutenir. Te murmurant des paroles d'encouragement. Et puis les contractions se font de plus en plus forte et surtout de plus en plus rapproché. C'est à ce moment là que se révèle la vraie puissance de la femme, sa vraie force. C'est dans l'acte de donner la vie que vous êtes absolument invulnérable. J'ai déjà vu de belles choses, des choses surprenantes, mais rien qui n'équivalent à ça. Je l'ai déjà écrit plus haut mais cela fait partie des choses qui m'ont marqué. Difficile de mettre des mots sur ça, sur l'impression de ne pas exister tout en assistant à quelque chose de magique. Car c'est aussi ça être un jeune papa qui assiste à un accouchement, c'est savoir accepté pour quelques heures ne pas être, ne pas exister. Pourtant j'étais là, j'étais bien présent. Mon doigt encore douloureux en atteste. Les autres 'petites' choses dont je me souvienne sont ce doigt retourné (et là je suis sur de m'en souvenir encore très très longtemps puisque j'avais mal et tu refusai de me lâcher) et quand tu t'es accroché à moi uniquement par ce doigt. Je te l'ai déjà raconté, expliqué mais je ne sais pas, l'impression que quelque chose d'important se passe à ce moment précis. Un peu comme si tu me demandai le baiser dont je me souvienne le mieux, je te dirai sans hésiter celui donner par un jour de pluie sous le porche de l 'église St Pattern à Orléans. Pourquoi et bien simplement parce que l'instant était magique. Et bien la pareil, par ce simple contact, ce simple attouchement du doigt qui s'accroche à l'un des miens tu m'as fait partager un peu de ton énergie; et puis la certitude aussi que ce geste n'était que pour moi, destiné uniquement à moi. Quand tu me broyais la main je savais que tu broyais non pas MA main mais une main et ce qu'elle quelle soit.

Et puis il y l'Image, celle que je vais garder pendant quelques années je pense. En fait c'est la tête de notre bébé entre tes cuisses. Je sais dis comme cela ce n'est pas particulièrement engageant. Mais comment dire ? Je ne sais pas. La certitude d'un seul coup que tout allait bien aller, que ce bébé serait beau et que nous serions de bons parents. Et puis tu l'as prise dans tes bras, tu l'as sorti d'un dernier coup et mise sur ton ventre. Et là à nouveau ce sentiment d'exclusion. Plus rien qu'elle n'existait pour toi à ce moment la. Plus rien, même pas moi. Tu l'as prise et c'était pur amour. Tout comme pour la première au moment ou ils te l'ont présenté. Exactement la même chose, simplement toi et lui et rien d'autre autour.

Et puis .... et puis .... avant que le sage homme ou après je ne sais plus très bien qu'il ne l'habille je l'ai eu dans les bras. Et la c'est moi qui ait du être exclusif. Je me souviens simplement de cette petite chose à laquelle je parlai doucement pour lui dire combien j'étais heureux de la voir, heureux qu'elle soit la avec nous en bonne santé et heureux que tu sois ma femme, et que tu l'ai sorti avec tant de brio.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté avec elle, juste elle et moi mais je sais qu'elle est magnifique et que toi je t'aime.

Et puis après c'est direction ta chambre et ..... nous entamons notre vie de jeunes et heureux parents pour la deuxième fois.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Oui effectivement ce n'est pas très souvent que le papa témoigne et je trouve cela dommage. Il faut croire qu'il n'est pas dans la nature du mâle de dévoiler ses sentiments surtout que dans le cas présent, c'est tout de même très intime. Après la vie m'a appris à mes dépends à ne pas dire jamais. J'ai fait bien des choses que jamais je n'aurai faite :)
B
Merci pour ce que je prends comme un compliment
P
ce n'est pas souvent qu'on a le témoignage du papa. c'est vrai que c'est magique une naissance. l'accouchement qui m'a le plus marqué moi c'est le 3ème d'abord parce que j'ai eu une césarienne en urgence et parce que je me disais plus jamais, plus jamais je ne sentirai un enfant dans mon ventre, c'est la dernière fois de ta vie que tu ressens toutes ces émotions puisque je ne voulais et ne veux toujours pas de 4ème enfant.
B
C'est tout simplement très beau... J'en ai les larmes aux yeux.
Publicité